Le sable. Les milliers de petits grains de quartz qui, une fois lavés de leur oxyde de fer, s'échouent sur les plages. Des milliers de minuscules grains, de petites entités qui forment un mot, un tout : le sable.
Avec l'été vient le sable. Toujours.
J'ai découvert quelque chose avec les années : le sable, c'est comme l'air. Ça trouve le moyen de s'infiltrer partout !
Dans les souliers quand on marche, même si l'on porte des souliers fermés. Dans les vêtements, même si l'on ne touche pas directement au sol de la plage. Entre les orteils. Dans les cheveux. Dans la bouche. Sur notre serviette. Dans la voiture. Partout.
Quand notre ami le vent s'en mêle, c'est pire, et l'on pourrait dire la même chose à propos de la mer. Peu importe qu'on le cherche ou non, le sable vient toujours nous trouver.
Quand j'étais petite, je détestais le sable, que je trouvais comme un parasite. J'essayais de m'en débarrasser, mais c'était sans fin.
Aujourd'hui, j'ai compris que ça ne sert à rien d'être énervé : le sable, il est toujours là quand même ! Alors, j'ai commencé à l'apprécier.
Parce que vraiment, que serait l'été sans sable ? Ou, mieux, que seraient les Îles sans sable ?
J'aime penser que ce processus, la mer qui mange les côtes rouges pour ramener la matière sous forme des minuscules grains dorés est le même que celui qui nous ramène à la terre. Ce même cercle, ce même chemin qui fait que nous voyageons, changeant d'endroit et d'apparence tout en restant pareils, au fond. Ce processus, nous en avons besoin : c'est celui de la vie, du mouvement, du changement, de l'évolution.
Parfois, je m'imagine que je suis un grain de sable, qui se laisse porter par les éléments. Et puis je me rends compte que c'est un peu ce que je suis ! Je virevolte de-ci, de-là, je rencontre des obstacles qui, finalement, m'amènent plus loin. Être un grain de sable, c'est être libre.
Quand je suis sur la plage, au soleil, je pense à tout ça et je me dis que je suis tellement chanceuse d'habiter ici, avec le sable.
Ce sable entre mes orteils, entre mes doigts. Dans mon nombril. Sur ma peau. Sous mes ongles.
Ça veut simplement dire que je suis passée par ici et que je continue mon chemin, en donnant un « lift » aux grains de sable qui s'accrochent à moi, pour qu'ils puissent voir du pays.