Habiter une île. Chercher le moyen d'en sortir, d'aller voir ce qu'il y a derrière la ligne d'horizon. Partir au loin, partir pour ne plus revenir, partir pour un après-midi ou simplement dans sa tête.
Dans les familles où on note une tradition du métier de pêche, de navigation ou de construction navale, on remarque que les bateaux font naturellement partie de la vie courante et vont accompagner longtemps la vie familiale. Mais cette réalité se retrouve aussi dans les familles où le métier de pêcheur est absent. Vivre sur une île donne l'envie de posséder un bateau, un rêve que l‘on réalise tôt ou tard.
Pour relaxer après une journée débile au bureau -oui ça existe les journées débiles même aux Îles- et un repas pris sur l'eau en regardant le coucher du soleil goûte meilleur qu'un repas pris à la table de la cuisine en regardant la télé.
...coller l'oreille sur le bois encore chaud, pour y entendre un bruit léger, à peine audible. Ce que la mer murmure au vent et fait frémir les bateaux depuis la nuit des temps*.
Pour le dimanche après-midi.
Quand la saison de pêche est terminée le bateau nettoyé et débarrassé de ses gréements de pêche, on invite famille et amis pour une excursion de pêche, une randonnée à l'Île d'Entrée ou au Bout du banc. Souvent, tout le monde choisit le même dimanche parce qu'on l'a surveillé de loin sur le site météo et c'était le plus beau.
Le nain de jardin prend parfois l'allure d'un capitaine ou d'une pièce maritime exhibée au milieu du parterre : bateaux miniatures, ancre, cage à homard, rocher fleuri... Cette décoration peut s'étendre au mur du cabanon où l'on accroche bouée ou filet. À noter dans un chemin de Cap-aux-Meules le fameux bateau de plaisance tout décoré de lumières à l'approche de Noël.
À la marina, durant la saison d'été ballottent doucement au quai les voiliers qui côtoient d'anciens bateaux de pêche recyclés en bateaux de plaisance. Les propriétaires les occupent comme chalet flottant en été. Ils cuisinent à bord, ils y dorment et les jours de beau temps font des tours sur l'eau ou vont à la pêche. Ces bateaux portent pour noms Le petit bonheur, Le p'tit plaisir, La Valdrague ... juste à l'évocation du nom on comprend à quoi ils servent. Les tempêtes de la vie sont derrière eux et maintenant ils se la coulent douce. Une forme de retraite bien méritée.
Embarquer dans un bateau à terre, c'est monter à bord d'un grand coquillage, vidé de son vivant, séché et blanchi par le temps*. Certains navires ne vont plus à la mer et finissent leur vie dans un champ. Et les jours que le vent agite, avoir l'impression qu'ils retournent naviguer entre les marguerites, les iris et le foin d'odeur.
*Les phrases en italique sont tirées du texte À quoi rêvent les bateaux par Suzanne Richard.